Ils ont voté et puis après ...

Publié le par Yves LEMESLE

Ça y est elle est votée ! Malgré sept journées de manifestations, des millions de personnes dans les rues, quelques grèves spectaculaires et un important rejet populaire, la loi portant réforme du régime des retraites a été adoptée par le parlement. Les ministres essaient de faire bonne figure et appliquent la consigne : il n'y a pas de vainqueur. Pourtant le petit rictus qu'ils ne peuvent empêcher de naître au coin de leurs lèvres ne laissent pas place au doute, c'est un sourire de gagnant. Et s'il y a un gagnant, c'est qu'il y a un perdant. Les syndicats ? Non je ne pense pas. Dans un combat quasiment perdu d'avance ils ont su rester unis (jusqu'à maintenant) et responsables. Mis à part ces stupides blocages de raffineries, il y aura finalement eut peu d'excès. Je mets bien sur à part la ville de Marseille tant les grèves des éboueurs ou des dockers font là bas partie du triste folklore local. Alors qui a perdu ? Le grand battu est indéniablement le dialogue social. Déjà famélique dans ce pays, le voici porté disparu. Depuis six mois le gouvernement n'a jamais cru bon de consulter les partenaires sociaux sur son projet de loi. Je crois qu'il se serait grandi en associant les syndicats à la réflexion qui a précédé l'élaboration de la loi. Alors évidemment, certains ne seraient pas venus, d'autres l'auraient fait avec des arrières pensées mais au moins, chacun eut été mis devant ses responsabilités. Ce qui est navrant c'est que le gouvernement avait prévu (prémédité ?) la mobilisation. C'est ainsi que j'ai entendu sur une chaîne de radio périphérique le ministre du travail affirmer en rigolant (sic) : "De toute façon il n'était pas possible de faire une réforme sur les retraites sans un conflit social !". C'est à croire que la qualité d'une loi se mesure au niveau de la contestation qu'elle provoque. Il y a pourtant dans ce pays des gens de tous bords qui sont convaincus de la nécessité d'un débat permanent entre nos dirigeants et les partenaires sociaux. Celui-ci n'existe plus aujourd'hui et les fils du dialogue risquent de mettre bien longtemps à se renouer. Chacun va devoir faire un effort d'humilité. Les uns en abandonnant leur attitude hautaine, les autres en surmontant leur frustration. Ce sera difficile mais instructif car de mon point de vue, c'est à sa faculté d'empathie et à sa capacité à écouter l'autre que se juge la qualité d'un homme.

Publié dans Journal

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