Comment l'acquisition d'un journal peut conduire à une pinte bière ...

Il y a quelques jours je me suis porté acquéreur du numéro 20112 d'un grand quotidien national (Le Monde pour ne pas le nommer). Cela n'a rien d'exceptionnel et cette information pourrait paraître superfétatoire. Pourtant, la lecture de ce journal m'a profondément déprimé. Dès la première page le ton est donné avec un article consacré aux conséquences du réchauffement climatique sur les petits pays. L'existence d'une quarantaine d'entre eux serait directement menacée. Les fléaux sont nombreux : multiplication des cyclones, inondation, érosion, blanchiment du corail, salinisation des eaux. Au stade ultime, des nations insulaires seraient rayées de la carte. Comme de bien entendu, les riches pays occidentaux rechignent à prendre les mesures qui pourraient sauver ces peuples.

Heureusement, si ces populations lointaines laissent nos dirigeants indifférents, il n'en ait pas de même des dauphins qui continuent d'être massacrés sauvagement par l'infâme Japon. Les pressions internationales sont de plus en plus fortes pour mettre un terme à ces tueries d'un autre âge. Un documentaire américain intitulé The Cove montre la cruauté du massacre et la farouche opposition des pêcheurs à toute prise de vue. Ils veulent continuer à tuer impunément au nom de la tradition. Quel dommage que nous apprenions vers la fin de l'article que les thons rouges sont l'objet dans les îles de San Pietro (Sardaigne) ou de Favignana (Sicile) des mêmes pratiques sanguinaires, à quelques encablures de notre beau pays.

A propos des thons rouges, les associations écologistes s'alarment de sa disparition prochaine. La commission européenne avait d'ailleurs préconisé une interdiction mondiale de la commercialisation de ce scombridé. Malheureusement la recommandation n'a pu obtenir la majorité qualifiée requise pour son adoption en raison notamment de l'opposition de ... la France.

Bon, si l'avenir des thons rouges nous indiffère autant que celle des habitants de la Papouasie Nouvelle Guinée (entre autres), peut-être en va-t-il autrement de nos concitoyens. Il n'en est malheureusement rien. L'assemblée nationale vient de vider de sa substance la loi pénitentiaire. Il faut dire que les sénateurs choqués par la surpopulation endémique des prisons et le taux de suicide inégalé avaient votés un texte progressiste garantissant notamment l'encellulement individuel. Les députés ont tout modifié, s'en tenant à une déclaration de principe (le respect de la dignité de chaque détenu) auquel il peut être dérogé pour des raisons de "sécurité" ou de "dangerosité".

Je cite pour mémoire la lettre ouverte de divers intéllectuels européens qui s'inquiètent d'un nouveau Munich à propos de la Géorgie : "L'union européenne fut fondée en réaction à l'esprit de capitulation de Munich et face à la mise en place du rideau de fer. Il serait catastrophique aujourd'hui qu'elle paraisse avaliser le retour des conduites qui plongèrent l'Europe dans la guerre et la division au siècle passé"
Ainsi donc, tout ne tourne pas très rond de ce côté ci de la planète, alors pour me remettre, je suis allé voir s'il restait des poissons rouges rue Colbert.